mercredi 24 février 2010

à la bibliothèque

J'ai été malade en revenant de vacances. J'ai la voix rauque d'une autre.

J'ai compris une chose essentielle quoique terriblement galvaudée ces temps-ci. Je dois cesser de m'ennuyer par facilité et lire des choses que j'aime. Et essayer quand même quand je crois que rien ne marchera.

dimanche 7 février 2010

Le voyage sans retour - troisième jour

J'ai mal dormi. Je me suis levée tôt, ai profité d'une douche enfin chaude et ai fait mes sacs pour repartir. J'ai laissé mon gros sac à la réception, ou plutôt je l'ai posé dans un coin de la salle commune avec un cadenas bien visible dessus. En voyant que je partais, Creepy Guy m'a collé un baiser gras sur la joue en me disant qu'il avait été ravi de me rencontrer. Je me suis dit que j'avais bien fait, à tout hasard, de ne pas manger le chocolat qu'il m'avait offert.

J'ai redescendu à vélo la pente pour Bowness où je devais attraper un ferry pour Ambleside à 10h. Le bateau avait un pont couvert et un pont à ciel ouvert, c'est là que j'ai pris place pour prendre des photos du lac et manger une brioche en attendant le départ. Le brouillard sommeillait encore sur le lac et malgré le soleil qui promettait une belle journée, le bonnet était de mise. Nous avons eu droit à des commentaires sur les îles que l'on dépassait par la droite et les grandes bâtisses que l'on apercevait sur la rive. Aux deux tiers du trajet, le micro a annoncé qu'il fallait faire demi-tour à cause du brouillard, que nous serions remboursés mais que l'on nous conseillait plutôt de revenir vers midi.

eaux fumeuses

J'étais donc revenue à mon point de départ au bout de trois quarts d'heure au lieu d'avoir traversé le lac en une demi-heure. Je ne voulais pas attendre midi et risquer de rebrousser chemin une deuxième fois. J'ai pris un bus qui a accepté par miracle que je montasse avec mon vélo. A Ambleside, j'ai rendu mon vélo en me disant que je n'en avais pas assez profité pour que la location fût rentable mais que je n'avais vraiment pas envie d'en faire plus.

jeux de lumière inexplicablement rose

Je me suis mise en route pour aller voir la cascade rendue célèbre paraît-il par de nombreux poètes. Mon guide annonçait une heure de balade pour l'aller-retour, j'ai mis 20min en prenant le temps d'apprécier la quiétude des sous-bois et de prendre des photos floues. La chute d'eau était charmante quoique guère impressionnante et je suis vite ressortie des bois pour profiter des quelques rayons de soleil.

eau moussue

J'ai pris la route de Waterhead pour aller voir les vestiges de l'ancien fort romain de Galava. Je ne m'attendais à pas grand-chose compte tenu du camp de Segedunum que j'avais visité dans les environs de Newcastle. Galava a cependant dépassé mes espérances : pas de musée, pas de panneaux, à peine quelques pierres dans un pré avec des barrières plus symboliques qu'efficaces pour les protéger. Il faut savoir ce qu'on cherche car de loin ce n'est rien qu'une étendue herbeuse sans intérêt, comme si les riverains s'étaient tant bien que mal accommodés de la présence d'un ancien fort.

aux sombres héros de l'amer

Ca n'a tout de même pas entamé mon enthousiasme rechargé par le soleil qui me réchauffait le bout du nez et la satisfaction de m'être enfin débarrassée du vélo. Je suis allée fêter ça avec un côte d'agneau grillée et un thé brûlant. Puis il a fallu prendre le bus, aller chercher mon sac à l'hôtel en courant pour ne pas croiser Creepy Guy et attendre deux heures à la gare en discutant avec une femme de ménage.

J'ai fait le compte de mes déveines : elles sont au nombre de huit (l'aquarium fermé, mon bonnet perdu, l'office de tourisme fermé, la fausse location de vélo, le chauffe-eau en panne, le bus raté, la location de vélo fermée, le ferry qui a peur du brouillard) et m'ont peut-être empêché de faire de ces vacances apaisantes un voyage inoubliable.

Quand je suis rentrée, le bonhomme de neige dans le jardin avait fini de fondre.

samedi 6 février 2010

Le voyage sans retour - deuxième jour

Au réveil du deuxième jour, il faisait froid dans la chambre. Il restait encore sur les vitres quelques gouttes de la pluie tombée pendant la nuit. J'étais de mauvaise humeur et il n'y avait plus d'eau chaude. La réceptionniste m'a dit que le chauffe-eau était tombé en panne pendant la nuit mais qu'il serait réparé bientôt et que j'aurais de l'eau chaude le soir. Après les déboires de la veille, je lui ai annoncé que je n'avais plus envie de rester et que j'allais chercher une autre chambre en ville. Je suis donc repartie vers Windermere avec mes deux sacs et mon vélo en oubliant mon lait dans le frigo de l'auberge de jeunesse, mais avec mes deux nuits remboursées. J'ai réussi tant bien que mal à enfiler mon gros sac par les anses comme un sac à dos et à mettre mon sac à dos sur le ventre, ce qui a suffi pour descendre la longue pente en vélo jusqu'à Troutbeck Bridge, après cela j'ai dû continuer en marchant et en poussant le vélo.

une maison en ardoise comme on en voit beaucoup dans le coin

L'office de tourisme était ouvert cette fois. Apparemment, les employés n'ont pas vraiment le droit de donner des informations (en fait ils ne peuvent pas donner de noms de restaurants ou d'hôtels car ça favoriserait un établissement par rapport aux autres), donc ils ont pu me dire qu'il y avait des chambres à 26£/nuit mais pas à quel endroit, et si je voulais savoir s'il y avait de la place il fallait que je leur demande de réserver pour moi, en prenant une commission. Je suis allée dans une autre auberge avec des dortoirs, le Backpackers Hostel à deux pas de la gare. J'ai été accueillie par un monsieur charmant - appelons-le Creepy Guy - qui était un ami du propriétaire et pouvait donc m'expliquer comment ça se passait. On écrit son nom sur un registre, on donne son adresse et on indique le nombre de nuits. On prend une enveloppe, on écrit dessus son nom et le montant (nombre de nuits x 14.5£), on glisse le paiement en liquide dedans et on la glisse dans une urne fermée par un cadenas en espérant que personne ne vienne piquer dedans et que le patron soit honnête.


Après avoir posé mes affaires je suis descendue à Bowness en vélo (1.5 mile en pente tout le long, un vrai bonheur) pour trouver un restaurant qui faisait de l'agneau. C'est une des spécialités de la région, j'avais donc peu de chances de me tromper. J'ai choisi The Spinnery (le Rouet?) où j'ai mangé des champignons absolument fabuleux dans une crème à l'ail non moins fabuleuse, et de l'agneau rôti un peu décevant.

J'ai fait un petit tour de Bowness sans conviction. Le temps couvert commençait à s'éclaircir, j'ai donc décidé de repartir à Windermere d'où partait un chemin qui menait à Orrest Head, un panorama vanté par plusieurs guides touristiques. Une fois de plus j'ai dû pousser mon vélo sur la moitié du trajet et le déposer à l'hôtel où Creepy Guy m'a confié que la balade jusqu'au sommet d'Orrest Head était une de ses favorites.

Le chemin qui y mène se perd dans les bois. Il serpente le long d'un muret d'ardoise et un ruisseau le traverse. L'endroit est isolé; l'air y est tranquille. J'y ai appris que je n'effrayais pas les daims. Je suis arrivée en haut alors que le soleil se couchait derrière les sommets voisins. Le paysage était impressionnant bien qu'on ne vît pas le lac, enfoui dans les brumes persistantes. Je me sentais un peu seule là-haut, et extatique.

mer de brouillard sur lac anglais

Il faisait déjà nuit noire quand je suis rentrée à l'hôtel où Creepy Guy s'inquiétait pour moi. Je suis allée lire dans ma chambre. J'en suis ressortie un peu plus tard, à la recherche d'une barquette de frites à emporter, que je n'ai pas trouvée, les fish'n'chips ouverts en cette saison ne vendaient pas de nourriture à emporter. Je me suis rabattue sur une barquette de riz qui n'avait rien de cantonais et des chips à la crevette. Bien m'en a pris car le riz avait dû être frit à plusieurs reprises et les morceaux de viande n'avaient pas l'air frais, ni le goût. Creepy Guy a voulu m'offrir du pain, des céréales et du thé avant de partir faire des courses - non merci je n'ai besoin de rien.

J'ai fait du thé moi-même avant de retourner dans ma chambre. On frappe à ma porte une demi-heure plus tard : c'était Creepy Guy qui venait m'offrir une barre chocolatée, parce qu'il avait acheté un paquet de cinq. Je me suis couchée en flippant un peu, d'autant plus qu'il n'y avait pas de verrou sur la porte de la chambre, que j'étais la seule cliente ce soir-là et que je dormais avec un masque, les volets n'existant pas au Royaume-Uni.