vendredi 29 janvier 2010

Le voyage sans retour - premier jour

Pour la genèse, voyez ici.
Je suis partie à moitié sceptique déjà. Je venais d'apprendre sur le net que l'aquarium que je prévoyais de visiter était fermé à cause des inondations qui ont isolé la régions des lacs fin décembre. Pas de loutres pour moi - et j'y tenais comme à une promesse. Mon sac était plein de vêtements de rechange et de chaussures étanches selon les recommandations des divers guides consultés sur le sujet : les lacs, les montagnes, les randonnées et les moutons.
Le contrôleur du train avait le crâne rasé à l'exception d'une fine crête rose.


Afficher Windermere et ses environs sur une carte plus grande

L'office de tourisme était fermé et le prochain bus ne passait pas avant plus d'une heure; j'ai pris la route de l'auberge de jeunesse située à trois miles au nord de la ville, sur un chemin bifurquant de la route allant à Ambleside pour aller vers Troutbeck. Il me fallut plus d'une heure, avec mon sac lourd sur la route qui grimpait. Je me suis installée dans la chambre que je n'allais pas devoir partager et je suis redescendue louer un vélo à la réception. Qui n'en louait plus depuis un an contrairement à ce qu'indiquaient mon livre et leur site internet. La location de vélos de Windermere ne répondait pas non plus au téléphone. J'ai profité de la voiture d'un employé de l'auberge de jeunesse qui allait en ville pour me rendre sur place et voir le panneau qui indiquait que la location de vélos était fermée mais pouvait ouvrir exceptionnellement - si on téléphonait d'abord. Je suis donc allée par dépit à Bowness prendre des photos et observer les joutes des canards sur le lac.

Windermere signifie "le lac de Vinandr", mere étant un ancien mot pour lac.

Vers 17h, je me suis dit que c'était vraiment trop bête, j'ai attendu un bus, je me suis trompée d'horaire puis ai pris un taxi pour Ambleside en espérant arriver avant la fermeture de la location de vélos. J'en suis ressortie avec une sorte de VTT, un antivol et un casque et me suis tout de suite mise en route pour l'auberge qui était à 5 bons miles.
Il faisait nuit noire, je ne connaissais pas la route et avais du mal à la suivre dans l'obscurité. Mon vélo n'avait pas de phares, à peine quelques catadioptres et mon sac à dos qui avait par pur effet de mode une fine bande réfléchissante m'a peut-être sauvé la vie. En restant bien à gauche de la route, je n'étais vue qu'à la dernière minute par certaines voitures, qui s'en plaignaient bruyamment en me frôlant. Mes cuisses et mes poumons se sont chargés de me rappeler que je n'avais pas fait de sport depuis une éternité. Et puis ensuite il y a eu la côte pour remonter à l'auberge de jeunesse. J'ai renoncé à ressortir pour trouver un restaurant comme je l'avais prévu.
J'ai fait mon lit, en ai choisi un autre parce que les draps étaient trop petits pour le premier que j'avais choisi, me suis couchée avec des biscuits et ma cartouche de Zelda. Me suis relevée pour me laver les dents et piquer une couette au lit voisin en me disant qu'un froid pareil devrait être interdit en intérieur.

lointains moutons

mercredi 20 janvier 2010

Besoin d'air frais

J'ai fini par m'acheter une vraie tasse pour remplacer les tasses blanches de l'école que leur petite taille empêchait de remplir efficacement leur rôle (à savoir : me réchauffer quand je les entourais de mes mains). Quand la tasse est trop petite, les doigts se chevauchent par-dessus la porcelaine, se confortent dans leur froid et j'ai fini trop vite. La couleur n'aide pas non plus. Celle-ci est toute ronde, une boule avec une anse.

bocal à thé

Depuis mes vacances trop courtes, j'ai la motivation anémiée, le bonheur susceptible, la morosité à l'affût. Les gens me fatiguent et je n'ai pas envie de dormir. Et je me souviens que ça n'a pas toujours été le cas. Et que même, autrefois, je trouvais que 23h n'était pas trop tard pour aller au cinéma, que les bus étaient formidables et que je mangeais des concombres sans accompagnement.
Pour me remettre la tête à l'endroit, je vais aller passer quelques jours à photographier des lacs et à faire du vélo sous la pluie. J'espère aussi manger un petit déjeûner anglais et paresser au lit si les draps sont doux. Et marcher, sans cesse pour perdre cette lassitude qui s'accroche à mes basques.

Au début de l'année, lorsque le soleil perçait à travers les nuages, j'allongeais les pieds pour les réchauffer dans la flaque de lumière. Cela n'arrive plus. Le ciel hivernal est blanc et les ombres sont diffuses. Quand le soir tombe, c'est sournoisement, sans qu'on sache avec certitude d'où il vient. J'espère qu'il y aura une cheminée à l'auberge de jeunesse.

mercredi 6 janvier 2010

Après m'avoir causé de nombreux désagréments, la neige a retrouvé grâce à mes yeux. L'école a été fermée pendant deux jours parce que les bus ne pouvaient plus circuler et rouvre demain (et c'est mon jour de congé).

et il continuait de neiger

L'assistant d'allemand a ouvert de grands yeux et s'est empressé d'aller faire un gigantesque bonhomme de neige dès son retour de vacances, vers minuit et demie.

je lui ai prêté mon écharpe

J'aurai peut-être demain une pensée compatissante pour les garçons de l'école à qui les batailles de boules de neige seront interdites pour éviter les risques de blessures. Je garde un souvenir ému de ma seule heure de cours séchée volontairement de ma vie, passée à faire un bonhomme de neige sur le rebord de la fenêtre du réfectoire de mon lycée. Nous avions frappé au carreau et une "dame de la cantine" nous avait donné une carotte pour le nez.